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PRESSE


15 mars 2023 - Travail Universitaire - Licence Information-Communication - Université de Lorraine 

Nancy : la réforme des retraites mobilise

15 000 manifestants, mais jusqu'à quand ?

MANIFESTATIONS Plus de 15 000 nancéiens et nancéiennes se sont passé le mot. Ce 15 mars, ils bloquent Nancy ! Un cortège d'un kilomètre et demi, où les derniers arrivés n'avaient pas encore quitté la place Carnot, que la tête de cortège avait déjà atteint la rue Mon Désert.

Un reportage signé Nino MORVAN--HECKEL


19 mai 2023 - Travail Universitaire - Licence Information-Communication - Université de Lorraine 

Grand Nancy Thermal : Les cures plongent 
les riverains de Blandan dans l’impuissan​ce

NANCY Qu’ont-ils fait pour subir ça ? C’est l’incompréhension pour les habitants et commerçants du quartier Blandan 
entourant les Thermes, à peine rouvertes au public. Cinq années de galère qui n’en finissent pas.

Les travaux d’aménagement de la voirie condamnant le double sens de la rue du Sergent-Blandan / NMH Photo - Nino MORVAN--HECKEL

Des retombées économiques espérées par le Grand Nancy, les riverains ne veulent pas en entendre parler. Entre la quiétude du parc Sainte-Marie et la proximité du marché d’Haussonville, le rêve de s’installer dans l’un des quartiers les plus calmes de Nancy tourne au calvaire. Aujourd’hui, les nuisances sonores des engins et les klaxons des embouteillages remplacent le chant matinal des rouges-gorges. Conséquences d’un chantier pharaonique, qui peine à s’achever après 5 ans de travaux.

Des riverains en constante adaptation 

Voitures bannies de la chaussée, bruits de marteaux-piqueurs ou encore ballet des camions de chantier, tel est le quotidien des habitants entourant le nouveau fleuron thermal nancéien. Récemment, les riverains ne pouvaient plus accéder à la rue du Sergent-Blandan, de la rue Pasteur à la rue du Placieux, durant presque un mois, fin 2022. Une réelle complexification de la circulation qui pose problème, même pour le collège-lycée Chopin, où les parents ont dû s’adapter et déposer leurs enfants en bas de la rue, place Paul-Painlevé. « Le Bon Coin » a aussi était la limite pour les bus du réseau Stan, dont la ligne 11, qui normalement desservait le campus d’Artem par cette même rue. À la place, une déviation a été mise en service, boulevard d’Haussonville, à l’opposé du campus. Ce même boulevard a subi lui aussi la fermeture des rues longeant les thermes. Tout le trafic s'est déplacé vers ce boulevard, en plus des habitués qui l'empruntent régulièrement. Après les nuisances sonores matinales qui émanaient du chantier, ce sont celles des moteurs de voitures qui les remplacent. Actuellement, les bouchons sont toujours de la partie, dus à la fermeture du double-sens entre l’établissement scolaire et l’ancien tabac-presse. Une circulation catastrophique, imposée aux riverains, mais pas que… 

Les commerçants « abandonnés »

« Chez le Stef », on trouve le temps long. En poussant la porte de l’auto-école Nancy Thermal, Stéphane Belin, moniteur, gérant et fondateur de l’établissement, ne peut que se désoler de voir son auto-école vide d’élèves. Depuis son ouverture en 1989, ce n’est pas moins de 7 200 élèves qui ont révisé leur code et conduit les voitures au flocage noir et orange. Mais depuis 5 ans, la clientèle se fait rare. À trois ans de la retraite, le patron soupire en voyant ses chiffres. « Avant le début des travaux de Nancy Thermal, j’enregistrais 15 à 20 nouveaux élèves chaque mois. Aujourd’hui, il est rare que l’on dépasse les 3 à 4 inscriptions mensuelles. » Depuis octobre 2019 et le début des travaux de réhabilitation des thermes, les chiffres de l’entreprise ont dégringolé. « Sur les 5 employés que nous étions, j’ai dû en remercier 3, par manque d’élèves. Je ne me verse plus de salaire depuis 2 ans pour continuer à payer ma dernière monitrice, mère de 3 enfants. » Stéphane déplore un réel manque de considération des élus. Depuis le début du projet, aucun n’a daigné s’intéresser aux petits commerces entourant le centre thermal qui, après la crise sanitaire de Covid-19, ont pris de plein fouet la fermeture des voies de circulation pour leur réaménagement. « Les bouchons, c’est de 7 h 30 à 10 h et de 17 h à 19 h. Comment voulez-vous que les parents viennent pour inscrire leurs ados de 15 ans », s’offusque-t-il. Une « gifle » qui ne le démotive pas pour autant. Il compte bien obtenir gain de cause auprès de la justice en déposant une plainte, actuellement en instruction, contre la Métropole, demandant 70 000 € d’avances de salaires pour faire survivre son entreprise. « Je ne lâcherais pas 34 ans de travail comme ça ! Et s’il le faut, je déchicanerai les pots de ma Harley et ce sera “120 dB“ toute la journée ! »

Nino MORVAN--HECKEL
Propos recueillis avec l’aide de Anh-Aïa LE


18 mai 2023 - Travail Universitaire - Licence Information-Communication - Université de Lorraine 

Kevin Grillo : journaliste indépendant, militant et “coupable” de l’être

JUSTICE Accusé d’être l’instigateur des dégradations survenues à Nancy en marge de la manifestation contre la réforme 
des retraites du mardi 7 mars, il comparaîtra le 7 juin devant le tribunal correctionnel.

C’est un lourd procès qui pèse sur les épaules de ce simple militant. Mis en cause par le procureur de la République et la police pour avoir été la tête pensante des dégradations faites en marge de la manifestions du 7 mars dernier à Nancy, c’est avec un dossier à charge que Kevin Grillo a été arrêté le 14 mars. Placé en garde à vue pendant 48 heures, il passera un total de 70 heures dans les cellules du commissariat de Lunéville puis dans les geôles « sales et écœurantes » du tribunal de Nancy. Perquisitionné, c’est tout son matériel informatique et sa « sono » sur roues pour ambiancer les manifestions qui sont saisis. Un dossier « fourni » mais qui ne repose que sur très peu d’éléments. Trop « bizarre » pour le juge des libertés qui, contre les recommandations du procureur, remettra Kevin en liberté dans l’attente de son jugement. « Je l’ai déjà dit et je le redirais, c’est une arrestation purement politique. À un jour du 49.3, il voulait faire taire les leaders sociaux. » Son avocat, maître Christophe Sgros, se montre particulièrement confiant quant à l’issue du procès du 7 juin. Les éléments du dossier, les vidéos, les 5 témoins et les 40 déclarations sur l’honneur écrites convergeraient tous en la faveur d’une probable relaxe. 

La lutte dans le sang

« Mon premier acte militant, je l’ai fait dans le ventre de mère, quand elle se couchait pour bloquer l’accès aux camions à une décharge classée CEVESO ». Depuis son plus jeune âge, Kevin a le militantisme qui coule dans ses veines. Un engagement qui l’amènera, dès l’adolescence, à faire de l’infiltration « écolo » et du « sabotage anti-chasse ». Un militantisme qui va le pousser à « monter à Paris », comme il aime à le dire, pour participer aux grands rassemblements de la dernière décennie pour la loi Travail, par exemple. « À Nancy, je ne trouvais pas mon compte. Le traditionnel merguez-bière, ça ne m’intéressait pas ». 

Kevin Grillo, visé par un probable tir tendu de grenade lacrymogène, alors qu’il couvrait la manifestations anti-retraites du 23 mars à Nancy /  
NMH Photo - Nino MORVAN--HECKEL

Il va continuer ses allers-retours entre le Duché de Lorraine et la capitale jusqu’au déclic. Revêtu de son plus beau gilet réflechissant, il participe aux manifestations parisiennes des Gilets-Jaunes, dès le premier acte du samedi 17 novembre 2018. « Quand j’ai rencontré des personnes âgées qui mourraient de faim, des personnes au bout du rouleau financièrement, c’était fou pour moi. je me suis dit que j’avais certaines compétences. Il fallait les mettre au service de la cause ». Il veut s’exposer et prendre le risque de battre le pavé pour représenter les personnes dans le besoin. Le premier mois du mouvement signe le début de sa carrière de leader des mouvements sociaux lorrains. « J’ai créé Média Jaune de Lorraine pour faire de la communication autour du mouvement, au plus proche des manifestants. » De fil en aiguille, il va rencontrer les représentants syndicaux auquel il ne portait que peu d’intérêt. L’organisation de manifestations contre la loi Sécurité globale vont le pousser à créer une association anarchiste et libertaire. Le Bloc Lorrain naquit.

Une dissolution historique

Au-delà des manifestions et des rassemblements contestant la politique menée par le gouvernement Macron, le « Bloc » se veut être au service de la justice sociale. « On gueule dans la rue, mais on ne va pas aider ceux qui crèvent de faim ? » Insensé pour celui qui se fait désormais appeler Kevin le Lorrain. En accord avec les idées du municipaliste libertaire bookchinienne, ce n’est pas moins de 200 maraudes réalisées et 20 000 repas distribués par les bénévoles dans les rues nancéiennes. « On s’est dit : vendre des tee-shirts à l’effigie du Bloc lorrain, ça va nous faire de la notoriété et ça va nourrir des SDF. » Mais le Bloc, c’est aussi battre le pavé. La démocratisation du black-bloc, Kevin ne s’en cache pas, au contraire. Cette technique incite les manifestants à former un groupe et à se dissimuler derrière des habits noir pour se placer au-devant des déambulations, en face-à-face avec les policiers. « Si ça tape, nous, on répliquera. » Et l’émergence de cette nouvelle force, régulièrement présente en manifestations, vaudra à l’association d’être dissoute par le président Emmanuel Macron. « On a tué personnes ! La dernière association de gauche à être dissoute, c’était Action Directe en 1982. Le dossier est bâclé, ça n’a pas de sens ! »

Nino MORVAN--HECKEL


17 mai 2023 - Travail Universitaire - Licence Information-Communication - Université de Lorraine 

Cigéo : Les rencontres des luttes paysannes et rurales veulent relancer la bataille

BURE Après quelques années de répit, les préoccupations autour du projet Cigéo refont surface. La « poubelle nucléaire » meusienne sera aussi au cœur des débats lors de l’événement, du 26 août au 3 septembre 2023.

Le rassemblement écologiste s'organisera aux abords de Bure / Photo AFP - Jean-Sébastien Evrard

C’est un rassemblement très attendu des écologistes et des militants lorrains qui va se dérouler en Meuse à la fin des vacances estivales. La première édition des « Rencontres des luttes paysannes et rurales » aura directement lieu sur des terres agricoles menacées par le projet Cigéo. Un camp « auto-géré » verra le jour le temps de l’événement, dans le but de rassembler des centaines de participants quotidiennement. Les organisateurs s’identifient comme étant « des paysans et paysannes, des fermes collectives, des https://saisonnier.es/ agricoles, des https://habitant.es/ de milieux ruraux, des jeunes et des moins jeunes en quête de projets écologiques qui ont du sens ». Des thèmes comme la défiguration par l’agriculture et la sylviculture industrielles « des plaines, des vallons, des côtes et des montagnes », l’impact du tourisme de masse ou encore le nombre grandissant de grands projets « inutiles » seront abordés. Un projet nécessaire, selon eux, pour se réunir et discuter de ces sujets trop peu médiatisés et qui sont pourtant à l’origine de « constats alarmants ».

​Gigéo, c’est quoi ?

Gigéo est le projet de « poubelles nucléaires » le plus important de France, mais aussi d’Europe ! Depuis plus de 30 ans, la controverse est forte autour de la création de ce site d’enfouissement souterrain de déchet nucléaire. Et pour cause, l’objectif est de remplir ce site souterrain pendant 130 ans de déchets radioactifs de haute et moyenne activité à vie longue. Plus simplement, ce sont les déchets les plus dangereux et qui resteront radioactifs durant plusieurs milliers d’années. Un entreposage de colis dangereux, mais surtout sur une surface équivalente à 680 ha. À terme, c’est 85 000 mètres-cubes de déchets radioactifs en provenance des centrales françaises et européennes qui seront stockés dans les sous-sols meusiens. Cigéo, c’est aussi un grand flou. Aucune des parties prenantes du projet n’est capable de chiffrer le coût du projet. Tantôt 15 milliards pour EDF, puis 25 milliards pour les ministères et ou encore 35 milliards pour les autorités de surveillance, personnes ne sait où ne veut le dire. Encore mieux, des spécialistes indépendants ont estimé qu’à ce jour, le projet coûterait la bagatelle de 50 à 100 milliards d’euros. Dans la fourchette haute, cela est équivalent au PIB du Koweït. Des chiffres pharamineux mais cohérents, quand on sait que la phase-pilote a coûté, à elle seule, 5,7 milliards d’euros.

​Un chef-lieu de la lutte

Ce projet est surtout connu pour les grandes luttes et des occupations de terrain qui s’y sont déroulées jusqu’en 2018. Des protestataires de toujours comme des militants d’un jour se sont réunis à de multiples reprises pour crier leur colère face à la dangerosité du site. Comme le 15 août 2017, où le cortège se dirigeant vers le chantier Cigéo a été émaillé de violents affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. Des scènes encore jamais vues dans les précédentes mobilisations aux abords de Bure. Un jeune militant en provenance de Dijon aura été grièvement blessé au pied par une grenade assourdissante provenant des Gendarmes Mobiles. Bien que la loi Bataille de 1991 inscrit dans le marbre que le projet de stockage géologique profond est la solution idéale pour la France, il est très critiqué pour sa supposée dangerosité. En effet, le stockage total de colis radioactif serait risqué dû à l’instabilité de la couche d’argile sur laquelle repose le lieu d’entreposage, à 500 mètres de profondeur. Les travaux de forçage pourrait avoir une grave incidence sur sa stabilité. Aussi, la sûreté du site ne serait pas assurée à cause d’un risque d’incendie accru par la présence simultanée d’hydrogène et d’un système de ventilation inarrêtable. Enfin, la réversibilité est le point de crispation majeur. En effet, le projet condamne les déchets à rester enfoui à Bure de façon définitive.

Nino MORVAN--HECKEL